30 millions d’amis, dont 22 au G2G.
Vendredi soir, pour une sombre histoire de piles, de supermarché à l’heure de la fermeture, de trottoir stupide ou de conducteur bigleux, Tifred m’annonce qu’il devra faire un crochet chez le garagiste pour changer une jante le lendemain matin, donc ne sera pas parmi nous à Bielsa avant l’heure à laquelle, en théorie, les glaciairistes sont en train de boire des bières.
30 millions d’amis moins 1.
Samedi matin, avant l’aube. Je suis comme un rat mort dans une gare du fin fond de la France, au nom qu’un responsable marketing aurait pu concevoir pour vendre du rouge – Montréjau Gourdan Polignan - mais où la vigne n’est manifestement pas la spécialité locale. Cairnoc m’a posé un lapin, pour une sombre histoire de nouveau réveil qui ne fonctionne pas. Faut pas être malin pour changer un réveil qui marche par un réveil qui ne marche pas.
30 millions d’amis moins 2.
Mais… Ô joie ! Tifred est au bout du fil et au volant de son auto. Gruyère, spécialiste en bâtiment et en vélo, donc aussi compétent qu’un garagiste, l’a convaincu que :
« Meuhhhhhh non, un coup de marteau, d’ailleurs j’en ai un sur mon piolet si tu veux, et pis on n’y verra plus rien ! Aussi rutilante qu’une Aixam toute neuve ton auto mon Tifred ! ».
En vrai bon ami, Tifred fait un 360 au frein à main sur la départementale, reprend l’autoroute et me récupère pendant que Cairnoc, à deux heures de là, met 1h à nous rejoindre à St Lary.
La petite bande rejoint à son tour K’ascade et Krof, pour en former une grosse - bande. Nous passons la frontière et nous garons sous le soleil espagnol au parking de Bielsa Sud. D’un commun accord avec Tifred, nous décidons de louvoyer un peu dans les sapins, histoire de doubler le temps de l’approche, vraiment trop réduit.
Sinon, c’est plus du sport et vous croyez qu’on est là pou quoi !!?
Partis devant, nous faisons profiter nos compagnons qui nous suivent à la trace de notre déambulation entre les sapins et dans la neige fraîche. Comme l’a finement noté un absent du G2G, nous n’arrivons donc pas du tout au pied de la voie à 7h30. Et nous ne sommes pas du tout du tout tout seul.
Equipement de la bande en rive gauche. Un photographe, le reflex en bandoulière, passe silencieusement devant nous et remonte un couloir neigeux de 5m, en solitaire.
Je me risque.
- « Dites, c’est pas des spantiks que vous avez aux pieds par hasard ? »
- « Si, c’est très bien niveau thermicité »
Ca y est ! Nous avons retrouvé notre Pastriste national !
Un petit coup de Synthol avant de partir et nous débutons l’atelier couture, option tricot, qu’avait proposé Aurore en cas de mauvais temps.
C’est pas parce qu’il fait beau qu’on va se priver de travaux pratiques aussi importants dans la formation d’un alpiniste.
Ce matin, au programme : le point de riz : une maille à l’endroit, une maille à l’envers. C’est Tifred et Gruyère, en leaders de cordée, qui fond et Cairnoc et moi d’un côté, et K’ascade et Krof de l’autre, qui défont.
Passer sur la corde orange, puis sous la corde rouge – ah, zut, c’est une moulinette toute tendue - , passer ensuite sur la corde verte, sous la corde bleue, sur la corde… Drame !!! Il y a une « corde bleue sans points blancs » ; ce qui laisse supposer que la corde bleue précédente avait a contrario des points blancs mais nul ne les a vus. S’agissait-il en réalité de la corde bleue sans points blancs que nous avons par méprise pris pour la corde bleue ? Ce serait dommage de faire un nœud dans un si joli tricot…
Bon. Je vous la fais brève...
Après une dernière longueur en solo intégral, à cause des embouteillages au relais, Tifred, Cairnoc et moi avons commencé à avoir soif. Ca commençait à manquer de Synthol. Alors on est s’est gentiment rentré au bistrot. On a bu une bière pour les minéraux, celle recommandée par le corps médical, et puis une autre pour le plaisir, celle décommandée par la maréchaussée.
On s’en foutait, on était en Espagne. Bizarrement, les autres ont eu la même idée. Preuve que, soit nous n’étions pas originaux, soit que nous étions des vrais z’amis soudés à l’instinct grégaire. [Note de K'ascade : Les 2 mon général !]
L’heure d’aller boire l’apéro approchait et nous avons donc regagné la France en faisant quelques virages. Normal pour une route de montagne.
De retour au gite, K’ascade et Tifred ont tous deux réussi à démontrer que, contrairement aux autres, ils n’étaient pas mono-tâche : ils sont parvenus à simultanément boire et réchauffer le repas – sans se salir, au demeurant. Hydra concourrait aussi dans la même épreuve : il buvait tout en faisant les comptes mais il a un peu échoué car il a oublié de réclamer des sous à Tifred. [Note de K'ascade : euh, pas exactement, désolée coloc...]
Pendant ce temps Jean-Pierre essayait de convaincre Aurore et Isabelle qu’avec lui, elles pourraient passer du 6c en granit en 15 jours. Et plus si affinités.
Nous avons délicieusement dîné de soupe au chou [Note de K'ascade : oh toi, t'es pas d'ici ! va falloir que tu reviennes pour qu'on explique encore que c'était une GARBURE !!!] – de toute façon, ça sentait déjà terriblement mauvais dans notre piaule dès 17h– parsemé de beaucoup de confit de canard.
C’était pas gras du tout : on a jeté environ deux litres de graisse. Comme le roman-photo de ce G2G l’atteste, c’était un dîné recommandé dans le numéro spécial édition Sud-Ouest de Elle magazine « maigrir après les fêtes ».
Certains ont à cette occasion découvert que la confiture de cerise, ce n’était pas uniquement pour mettre sur les biscottes mais qu’on pouvait aussi en faire des sandwichs entre deux tranches de fromage de brebis.
Ensuite on a eu la galette des rois mais on a tiré personne : il n’y avait que des reines hétérosexuelles.
Ensuite, comme on commençait à se lasser du vin, on est passé au digestif. On est resté soudés jusque dans l’échange de microbes. De toute façon, il n’y avait pas assez de verres pour comparer la verveine, la verveine trop sucrée, la mirabelle pas sucrée mais ça c’est normal, le génépi qui sentait l’orange, le vin de paille et un truc frelaté dont j’ai oublié le nom, peut-être parce qu’il été frelaté d’ailleurs.
Gruyère n’a rien dit lorsqu’on a cherché partout le synthol ; il avait déjà du mal à tenir droit contre le mur, mais on savait bien qu’il n’était pas sans responsabilité dans la disparition du breuvage.
Il commençait à faire très chaud à l’intérieur, aussi sommes-nous sortis nous rafraîchir.
Krof, qui, de par ses compétences professionnelles, sait occuper les enfants, organisa une partie de luge [Note de K'ascade : ah non, ça c'est moi. Mais C'est vrai que c'est Krof qui a remproté haut la main l'épreuve !] avec, faute d’un virage serré, arrivée sur le mur bétonné d’une maison. En dépit de toute probabilité et de toute insistance, il n’y eu aucune victime à déplorer.
Le président du CRAS proposa ensuite à son tour d’organiser un match de rugby. Le placage au sol était fortement encouragé, quelques écarts au règlement furent cependant décidés : la neige ferait office de ballon et chaque joueur pourrait disposer d’autant de ballons qu’il souhaitait, comme ça on était certain que si ça jouait perso, ça n’empêcherait personne d’avoir la balle. La composition des équipes a été un peu compliquée car tout le monde voulait être dans le camp des arborescistes.
Victoire, donc, des arborescistes !
La soirée s’est achevée par la traditionnelle ascension du mur du gite, sans laquelle un G2G n’est pas un G2G. Samuel a été déclaré hors concours, faute d’adversaire dans sa catégorie. L’oursenpluche a tenté une version dry tooling mais c’est définitivement Solène qui a remporté le prix du râpage de main sur longue distance.
Après, il n’y eut plus qu’à mettre le réveil à 6h50. Parce qu’on fait du sport, nous !